Nous nous arrêtons au « Parque provincial Uruguay-I » juste à côté d'Andresito. Comme de coutume, nous sommes accueillis par des gardes parcs avenants avec lesquels nous partageons d'emblée le repas du soir.
Ils s'appellent Miguel et Leandro. Miguel est une figure impressionnante: grande gueule et syndicaliste, bourré de principes. Nous passons la soirée à échanger. Ils ne tarissent pas d'injures pour qualifier les politiques qui sont tous « corruptos » (à prononcer en parlant fort et en insistant bien sur les r). Miguel déteste l'anglais et refuse que ses enfants apprennent cette langue à cause des Malouines. C'est également un poète à ses heures et il n'hésite pas à nous déclamer quelques vers (ou verres?) accompagnés des cris encourageants de son acolyte. Il faut dire qu'il commence sa journée au whisky alors respect!
Ce sont avant tout des hommes ayant fait preuve d'une gentillesse et d'une patience surprenantes. Ils nous attendaient le matin (et il en faut du temps avant que l'on ne soit prêts...) pour nous conduire sur les sentiers du parc et nous expliquer toute sa richesse. Nous nous sommes d'ailleurs pris une saucée mémorable. Heureusement, Leandro était au campement pour nous préparer la popote avec un bon poele bien chaud sur lequel nous avons fait sécher nos chaussures au retour. Nous avons passé du temps avec eux. L'ambiance était très chaleureuse et ils se montraient très curieux de la façon dont on vit en France.
Ils nous ont accompagné pour la visite d'une exploitation de tabac. Nous avons rencontré ainsi une famille de petits agriculteurs. Les petites exploitations familiales avec animaux et potagers sont très courantes ici. Par nécessité et non par choix. Vu le prix d'achat (en dollars s'il vous plait) d'un sac de tabac par les coopératives, il ne peuvent pas en vivre. Malgré les nombreuses manifestations, il n'y a pas de changement. Tout est dans les mains des coopératives qui fixent les prix. Pour l'agriculture de la yerba maté, les paysans rencontrent les mêmes difficultés. L'ainé de la famille avait décidé d'abandonner l'entreprise familiale pour faire autre chose. Son rêve est de conduire des camions et transporter du bois aux 4 coins de l'argentine. Nos enfants sont davantage intéressés par les animaux de la ferme et les chiots et ils ont également trouvé de belles pierres entre les pieds de tabac. Chacun y trouve son compte...
Miguel et Leandro nous montrent leur passerelle à gibiers. Il s'agit d'un tunnel aérien permettant la circulation des animaux du parc de part et d'autre d'une nationale. Il y a davantage d'animaux qui meurent sur cette route que de la chasse illégale. Ils sont fiers de ce projet même si nous doutons de son efficacité. Ils reconnaissent d'ailleurs qu'elle ne fonctionne pas encore très bien.
Ils nous emmènent ensuite dans un centre d'écotourisme : une immense propriété tenue par un vieux couple originaires du Brésil , Camillo et Maria, au beau milieu d'un immense parc très bien entretenu: San Sebastian de la Selva. Il y a des étangs avec des cabanes à louer. Le séjour est payant mais en restant dans nos voitures, les tarifs sont très corrects.
Avant de quitter nos amis Miguel et Leandro, nous organisons un gros asado. Ils s'occupent de tout: coupe de bois, feu, cuisson. Le tout agrémenté de bierre. Miguel est en forme et se lance dans de grandes tirades poétiques et dramatiques qui font rire les enfants. Nous partageons un dernier moment magique avec eux. Ce fut une bien belle rencontre.
Nous restons deux nuits à San Sebastian de la Selva au cours desquelless nous sommes bercés par le bruit des animaux nocturnes. Au crépuscule, les grenouilles font un tapage assourdissant. Nous en profitons pour faire une sortie nocturne et avons découvert des carpinchos au bord de l'étang.
Les lieux sont décorés de gros meubles en bois massifs réalisés par Camillo ancien menuisier. Son atelier a brulé l'année dernière et il refuse de reprendre le travail depuis. Il se contente de gérer son centre d'écotourisme et de s'occuper de son troupeau de bétail ce qui lui donne déjà de quoi faire! L'ambiance est très chaleureuse car Camillo et Maria sont toujours là pour discuter et font vivre ce lieu. Camillo réalise des aricupas (pièges à oiseaux indiens) pour les enfants. Nous profitons du lieu particulièrement paisible et les enfants pêchent dans l'étang avec succès.
Avant de repartir, nous organisons une soirée crêpes en occupant la cuisine de Maria qui nous accueille sans souci et nous observe pour apprendre la recette.
Le lendemain, nous repartons et espérons arriver à Iguazu dont on nous parle depuis longtemps.
Octobre 2009 : Uruguay I et San Sebastian de la Selva |
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